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La Femme

21/03/2018

La femme est la plus grande muse de la mode. Et la mode est sans doute l’un des meilleurs médias à analyser pour pouvoir porter un regard sur la place qu’ont occupé les femmes dans la société, à une époque donnée. En cette année 2018 où les femmes font plus de bruit que jamais pour défendre leurs droits et libertés, nous nous sommes faits plaisir en parcourant les tissus riches de références du MTMAD de Lyon.

 Les représentations et perceptions les plus anciennes de la femme sont étroitement liées au domaine religieux.  Dans la Bible elle est tantôt une mère, une épouse ou une jeune vierge à l’image de Marie, maintes fois représentée en personnage central et sacré de part son rôle de mère du Christ.

Dans la mythologie grecque, Artémis est la déesse de la chasse mais aussi de la fertilité et des accouchements et est souvent représentée avec ses multiples seins contenant le lait divin destiné à nourrir l’humanité.

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Lorsqu’elle n’est pas associée à sa capacité de reproduction ou à son rôle de mère nourricière, la femme est une pécheresse. Eve était après tout à l’origine du pêché originel qui a valu à l’homme d’être chassé du paradis. Un symbole fort qui désigne la femme comme étant la « faiblesse de l’humanité »... Représentées ainsi, les femmes ont longtemps été éloignées de la vie politique et exclues du pouvoir qui touche pourtant directement à leurs libertés individuelles.

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Aujourd’hui, force est de constater que les femmes sont en train de donner une nouvelle dimension à la notion de « féminisme » et les créateurs de mode amplifient avec ferveur cet « empowerment » à travers leurs défilés.

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« La mode doit être une forme d’échappatoire, et non une forme d’emprisonnement. » disait Alexander McQueen et pourtant la femme McQueen osait tout, même les formes et matières les plus improbables voire les plus « provocantes ». Finalement être féministe n’est-ce pas tout simplement le fait pour une femme de revendiquer le droit de disposer de son corps comme elle l’entend, sans craindre les regards déplacés ou les réactions virulentes ? 

Cela revient à admettre qu’entre une mode sexy à la féminité exacerbée et l’approche minimaliste qui prône le casual ou encore l’unisexe (soit les courants forts qui se partagent les podiums ces dernières saisons), il n’y a pas de bonne réponse tant que cela relève d’un choix libre et personnel. La femme d’aujourd’hui ne veut pas être perçue comme une bonne mère, l’épouse idéale, la célibataire, la provocatrice… en fonction de ses vêtements.  Elle veut pouvoir être à la fois tout cela en même temps ou rien de tout cela, elle demande un droit à exister sans être étiquetée à tort et réclame le droit de pouvoir donner le sens qu’elle souhaite à sa propre tenue sans que personne ne fasse de commentaires désobligeants.

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Qu’on y adhère ou pas, les derniers défilés, fortement marqués par la mouvement #MeToo, ont dévoilé des messages engagés contre le harcèlement sexuel. Lors de la Fashion Week de Paris en février dernier, Dior a inscrit « C’est non, non, non et non » sur un de ses pulls, attirant l’attention sur la notion de consentement qui divise énormément dans les débats.

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Chez Tom Ford lors de la Fashion Week new yorkaise, on lisait les mots « Pussy Power » sur les sacs à mains, un message évidemment politique et engagé en faveur des femmes et visant directement le président américain Donald Trump, qui affiche un mépris assumé envers la gent féminine. A Milan, Fendi a également tenu à souligner l’image d’une femme forte qui porte le tailleur pantalon, active, et égale de l’homme.

A New York, Tadashi Shoji, quant à lui, a opté pour des robes volontairement sensuelles et glamour pour montrer que culture du viol omniprésente dans la société, n’ôtera pas aux femmes leur désir et leur pouvoir de séduction. Il critique ainsi les agresseurs, trop nombreux à justifier leurs actes en faisant référence aux tenues des victimes qu’ils jugent « aguicheurs ». Le créateur, lui, a préféré créer ses modèles pour donner de l’assurance à ces femmes, comme pour les encourager dans leur combat.

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« Si je peux avoir un impact, je voudrais que les femmes se sentent bien comme elles sont et s’amusent avec la mode. » avait dit Michelle Obama, des paroles symboliquement fortes venant de l’ancienne première dame des Etats-Unis et qui en femme visionnaire, avait déjà la réponse juste pour clore notre enquête. 

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