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Chinoiseries

16/02/2018

Célébrons le nouvel an chinois avec cette nouvelle enquête dédiée à ce pays chargé d'histoire et de traditions. Depuis la route de la soie dont les prémices remontent au IIe siècle, la Chine rayonne à l'international de part son industrie technique et innovante. Reprise en partie à Lyon sous François Ier puis Henri IV, la production de la soie a toujours été un atout chinois économique et créatif. Le ver à soie étant originaire de la Chine méridionale, après une exportation et des tentatives de production en Europe, il est aujourd'hui toujours majoritairement élevé en Chine. Récemment, et dans une volonté de favoriser une production 100% française, la maison Hermès envisage de monter leur propre élevage de ver à soie en France. Parmi l'immense gamme de soieries du musée des Tissus de Lyon, nous avons retrouvé des textiles originaires chinois, comme ce tissus représentant des pièces du mahjong, jeu traditionnel asiatique. Parmi notre sélection, vous découvrirez une variété de tissus, qu'ils soient originaux ou d'inspiration chinoise. En effet, la Chine a toujours inspiré les créatifs, surtout lors de la vague d'orientalisme et japonisme au début du XXe siècle. Au delà de la forte influence japonaise, Paul Poiret s'est aussi beaucoup inspiré de la Chine, notamment en 1905 avec son célèbre pardessus brodé « Confucius » aux manches larges. Dans la même veine, dans les années 1920, Jeanne Paquin a souvent réinterprété les broderies ornementales de dragons. 

Plus récemment, nous ne comptons plus le nombre de défilés présentant des inspirations chinoises, que ce soit dans les motifs ou les formes. Raf Simons a investi la vitrine de la boutique parisienne The Broken Arm en mettant en scène des lanternes et de nombreux éléments chinois. Les artistes contemporains chinois se mobilisent pour affirmer leur identité. Artiste majeur de la scène artistique indépendante chinoise, Ai Weiwei – qui exposera d'ailleurs au MUCEM de Marseille à partir du 20 juin – s'engage face à la crise des réfugiés en Europe avec son tout récent film « Human flow » (2018), qui fait écho à son installation « La loi du voyage » (Prague, 2017), représentant une immense embarcation de migrants. Maitrisant l'art de la résistance, il s'est notamment démarqué avec sa série «Etude de perspective » (1995-2003), où il rejette les icônes et les valeurs établies. C'est un réel militant, qui porte un jugement social, politique et culturel sur un pays exempt de liberté d'expression, qu'il associe avec une censure de la créativité. Dans une autre dimension de l'art de la performance, l'artiste caméléon Liu Bolin se met en scène à travers ses photos pour dénoncer la place de l'individu qui se perd dans une identité collective. A travers ses peintures colorées mettant en scène des personnages au rire énigmatique, Yue Minjun, initiateur du « réalisme cynique », dresse une caricature de l'uniformisation chinoise suite à l'ouverture de son économie. La Chine est donc un pays riche de traditions esthétiques et culturelles inspirantes, mais il est aussi au cœur de revendications sociales de par son climat politique. Avec la mondialisation culturelle et l'usage d'internet, les artistes contemporains résonnent à l'international et entraînent une remise en question du modèle chinois.

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