De nombreux artistes se sont engagés dans cette lutte pour le vert, notamment Vaughn Bell en 2008 à travers son « Village green », où il invitait le visiteur à s'immerger dans de mini-serres ultra-vertes, œuvre présentée lors de l'exposition « Climats artificiels » à la Fondation EDF en 2016. Ce genre d'expositions consacrées à la nature s'est bien développé mais les questionnements écologiques existent depuis plusieurs décennies déjà – pensons à l'exposition « Etre nature » à la Fondation Cartier pour l'Art Contemporain en 1998. Après des décennies de sur-consommation et de scandales de production (éthiques et écologiques) à l'autre bout du monde, le monde de la mode répond aujourd'hui et tente de se mettre au vert. Les enseignes de grande distribution usent du greenwashing pour justifier leurs pratiques (prétendument) passées, tandis que de jeunes créateurs s'engagent à changer la mode en profondeur.

Pour eux, l'upcycling est au centre des priorités. Il voit le jour dans les collections de Martin Margiela dès les années 90 mais se démocratise dans les années 2000 avec la multiplication de projets, notamment le collectif Andrea Crews créé en 2002 par Maroussia Rebeq. De nombreuses marques plus accessibles s'engagent en investissant une partie de leurs bénéfices pour la planète : Veja et leurs baskets « écologiques » dont la production est transparente et ultra-contrôlée, Faguo et leur arbre planté à chaque produit acheté... Le souhait de lier la mode à la nature est un concept finalement plus ou moins frais, que tentera d'analyser l'exposition « Fashioned from nature » présentée au Victoria & Albert Museum de Londres à partir du 21 avril. Par extension au monde végétal, le monde animal est au cœur des controverses, et, pendant que les plus grandes maisons de luxe s'engagent tour à tour à ne plus utiliser de vraie fourrure, d'autres projets voient le jour, comme l'ouverture en décembre dernier de Manifeste011, premier magasin vegan parisien. Le magazine Antidote s'est joint à la cause avec son dernier numéro 100% vegan, « Earth », parmi les pages duquel le photographe Patrick Weldé célèbre la planète, « pour une vision du monde horizontale, durable et pacifique ».

La végétation en tant que source d'inspiration a donc beaucoup évolué depuis ses premières apparitions, et on a pu voir qu'elle n'a jamais été simplement esthétique, surtout ces dernières décennies. A travers un langage poétique, les artistes et les marques mènent des actions politiques, et leur engagement a permis la mise en marche d'une révolution de nos modes de production et de consommation.